Entre santé et biodiversité, la pollution atmosphérique concerne aussi les animaux

Si les effets de la pollution atmosphérique sur la santé des êtres humains sont connus, ce n’est pas le cas pour les animaux. Les études sur le sujet sont rarissimes et aucun organisme n’existe pour observer en permanence leur état de santé. Selon un rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement, publié en 2017, la pollution de l’air serait la cause de plus de 500 000 morts prématurées par an en Europe. Les animaux sont autant exposés que les hommes à la pollution de l’air, alors quelles sont les conséquences sur leur santé ?

Selon l’association Airparif, qui surveille la qualité de l’air à Paris, les principaux polluants atmosphériques se classent en deux familles : les polluants primaires et les polluants secondaires. Les polluants primaires sont directement issus des sources de pollution, il s’agit par exemple des oxydes de carbone, d’azote, de soufre. En revanche, les polluants secondaires ne sont pas directement rejetés dans l’atmosphère mais proviennent de réactions chimiques de gaz entre eux (ozone, dioxyde d’azote, particules secondaires). Cette pollution atmosphérique présente un danger pour les animaux, par l’inhalation de produits polluants voire par l’alimentation contaminée, comme l’explique le Centre Antipoison Environnemental.

Air contaminé en ville, alimentation contaminée en campagne

Les animaux domestiques, chiens et chats, sont particulièrement exposés à la pollution de l’air notamment lorsqu’ils vivent en ville. Une étude scientifique sur le sujet a d’ailleurs montré que des chiens exposés à l’air pollué de Mexico présentaient une inflammation accrue du cerveau et des malformations impliquées dans des maladies comme Alzheimer chez l’être humain, par rapport à des chiens vivant dans des villes moins polluées. Les chiens respirent à la hauteur des pots d’échappement des véhicules et inhalent les gaz polluants venant des voitures. Les vétérinaires prennent cela en considération en cas de troubles respiratoires chroniques.Les chats eux sont vulnérables au dioxyde d’azote et aux particules fines, particulièrement les asthmatiques, pathologie qui n’est pas rare chez ces félins. Les professionnels sont certains des effets de la pollution sur la santé animale, mais ne peuvent pas le chiffrer. D’autant que les pics de pollution ne s’accompagnent pas forcément d’une hausse des consultations vétérinaires.

Si les animaux ne sont pas exposés directement à la pollution de l’air par inhalation, ils peuvent l’être par l’alimentation. En effet, les composés toxiques émis dans l’atmosphère retombent sur le sol et sur les végétaux consommés par les animaux. Ils s’intoxiquent alors par le pâturage ou en consommant les fourrages récoltés autour des usines. C’est la principale modalité d’exposition aux contaminants industriels pour les animaux d’élevage. Cette pollution est à l’origine parfois de véritables intoxications chroniques, comme le prouve l’affaire des vaches intoxiquées par les polluants de vieilles industries voisines en 2009. Les animaux exposés à la pollution atmosphérique rencontrent des types de problèmes similaires à ceux des êtres humains. Ils sont plus vulnérables face aux maladies et présentent des déficiences du système immunitaire. Mais la pollution de l’air ne concerne pas que les animaux domestiques en zones urbaines.

La faune sauvage également victime de la pollution

La pollution atmosphérique engendre le déclin de certaines populations pollinisatrices ainsi que des altérations du comportement, des difficultés à se reproduire ou à se nourrir. Elle modifie la physiologie des organismes voire l’anatomie, ce qui menace la capacité de survie des individus. Certains font des tests sur les animaux afin de prévenir les dangers de la pollution sur les êtres humains. C’est le cas du laboratoire Chrono-environnement qui mènent des recherches sur les effets de l’urbanisation sur des oiseaux et des rongeurs sauvages. Dans un entretien à Libération, les chercheurs ont expliqué que par exemple chez les mésanges, «les succès de reproduction et l’état de santé général sont moins bon en ville qu’en forêt, et le système immunitaire est moins réactif”.

Cependant, ce n’est pas parce qu’un animal reste à l’intérieur et ne sort pas qu’il ne subit pas la pollution de l’air. En effet, à cause du tabagisme ou de certains produits d’entretien, la pollution de l’air intérieur peut parfois être supérieur à la pollution extérieure. Une étude menée par l’Université de Glasgow a d’ailleurs montré les effets du tabagisme passif chez les animaux de compagnie, qui peuvent développer des cancers du museau, de la gorge et des poumons.

Les êtres humains ne sont donc pas les seuls à être touchés par la pollution atmosphérique. La pollution de l’air a également des effets sur les végétaux et les animaux. L’Homme peut aussi se retrouver impacté par la pollution de l’air à travers une chaîne alimentaire contaminée. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : au total, la pollution est considérée comme la troisième ou quatrième cause de la réduction de la biodiversité.

 

Léa Dubost

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