Le recyclage du plastique n’est pas (encore) fantastique

Polluant, dangereux pour la faune et la flore, sur peuplant rivières et océans : le plastique a mauvaise presse. Le dérivé du pétrole est remis en cause, au point d’alerter le gouvernement, non pas sur son utilisation massive, mais par son recyclage trop faible. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé pour développer de nouvelles techniques.

Le plastique n’a jamais fait autant débat. Ce mois-ci, la mission océanique Tara a accosté sur la Loire pour mesurer l’impact de la matière. Le gouvernement lui aussi se penche sur le sujet, surtout depuis février dernier. Date à laquelle, la secrétaire d’État à la transition écologique, Brune Poirson a co-signé le Pacte National des emballages plastiques. Objectif affiché : atteindre 60% d’emballages plastiques recyclés en 2022.

Dans cette perspective, le Premier ministre a lancé le 14 novembre un appel à manifestation d’intérêt pour développer de nouvelles techniques de recyclage. « Le recyclage chimique ou biotechnologique des plastiques représente la technologie de rupture qui devrait permettre de tendre vers 100 % de matières plastiques recyclées, ce que le recyclage mécanique ne permet pas à lui seul », peut-on lire sur le communiqué en lien.

Car la Start-up nation est loin d’atteindre ses objectifs. C’est le monde du plastique lui-même qui le dit, via Plastics Europe. Via ses données, on apprend qu’en 2016, seul 26,2% des emballages plastiques étaient recyclés. Seule la Finlande est moins performante sur le continent. La moyenne européenne, elle, pointe à 40,8% de recyclage.

Source infographie : Statista

Alors peut-on garder espoir ? Car par rapport à il y a dix ans en arrière, on ne note, en Start-up nation, que cinq points d’évolution en termes de plastique recyclé. Des chiffres plus récents, mais peu cités dans les médias, montrent une avancée pauvre. Citéo, organisateur du recyclage des emballages, pointe dans son rapport un taux de recyclage du plastique à seulement 26% en 2018. En dehors des bouteilles et des flacons, ce chiffre tombe même à… 4%. Pendant ce temps, le média spécialisé Déchets infos pointe l’augmentation pharamineuse de la rémunération des dirigeants de Citéo. Ambiance.

Le recycler c’est bien, en Start-up nation ce serait mieux

L’autre souci est là : Une grand partie du plastique startupeur(s) part en recyclage ailleurs. D’après des données de Greenpeace, entre janvier et juin 2018, presque 3% du plastique importé en Malaisie venait de l’hexagone. L’ONG estime d’ailleurs que sur l’année 2018, plus de 18 000 tonnes ont rejoint le pays asiatique en provenance de notre pays. Or, il faudrait améliorer les chaînes de recyclage.  « La Chine, l’Indonésie, le Vietnam sont capables d’aller plus loin que nous dans le tri, notamment pour les plastiques, puis dans leur valorisation », expliquait Philippe Maillard, président de la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement, en août dernier à La Croix. D’où la nécessité de cet AMI.

Pour pailler au faible recyclage du plastique, le gouvernement souhaitait mettre en place une consigne des bouteilles plastique, sur recommandations du Conseil économique, social et environnemental. Or, lors du Conseil des maires de Start-up nation, le président Macron a annoncé ne pas vouloir contraindre cette mesure aux municipalités. Le plastique unique a encore de beaux jours devant lui.

Martin Esposito
Photo d’ouverture par Marc Carpentier, via Flickr.

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