Pollution dans les cours d’eau bretons : l’heure est à la réaction

La préoccupation est grande, et les moyens mis en place ne suffisent pas. Selon le dernier rapport de l’Observatoire de l’environnement sur le nitrate dans les cours d’eau bretons, prenant en compte les études des cours d’eau sur l’année 2018, seul 1% des rivières bretonnes est en bon état. Le nitrate, un problème connu depuis de nombreuses années, mais qui est, encore aujourd’hui, plus que jamais d’actualité.

S’il n’y avait que les nitrates…

Et si la pollution des cours d’eau au nitrate est encore trop importante, d’autres problèmes sont à déplorer : pollutions dites « accidentelles », microplastiques, réchauffement climatique, détérioration de la biodiversité… Une liste non exhaustive, quoique déjà très chargée, d’événements qui empêchent le bon état des cours d’eau bretons. Et pour s’en rendre compte, nul besoin de remonter trop loin dans le temps. L’été 2019 a été particulièrement meurtrier pour les poissons, notamment dans le Finistère. La rivière de La Mignonne à Tréhou, totalise, a elle seule, trois périodes de pollution, entre juillet et début septembre. Le 10 juillet, des centaines de poissons ont été retrouvés morts, asphyxiés, la faute à un déversement accidentel de lisier dans le cours d’eau. À peine un mois plus tard, le 6 août, le même problème frappe l’écosystème. Et comme si cela ne suffisait pas, une troisième pollution au lisier a été comptabilisée, début septembre. Une situation qui n’a pas manqué d’alerter les riverains et les associations de pêche locales, qui ont exprimé leur ras-le-bol auprès de la mairie, réclamant des restrictions quant à l’usage de pesticides. « Dans le Finistère, depuis le début de l’année 2019, c’est pas moins de 30 pollutions sur l’ensemble du département qui ont été recensées. 90% d’entre-elles sont d’origines agricoles », déplorait Jean-Robert Dupont, le président de l’AAPPMA, l’association des pêcheurs de Daoulas, au micro de France Bleu Bretagne.

Les autres exemples de pollution sont nombreux. On peut citer celle du Sterig, ruisseau de Gouesnach, en septembre, engendrée par le dépôt de peintures dans le réseau d’eau fluviales, celle du Gouët, à Quintin, dans lequel se sont déversés pas moins de 10 000 litres de fuel…et bien d’autres encore.

Justice et investissements : l’impuissance

Si les associations locales sont régulièrement les premières à alerter sur l’état des différents cours d’eau, l’association Eau et Rivières de Bretagne est, quant à elle, l’actrice majeure devant la justice. En cinquante ans d’existence, elle a multiplié les actions pour protéger l’état des rivières, et a engagé pas moins de 700 procès, pour en remporter 85%. Dernier gros succès en date, la condamnation de Lactalis à 250 000 euros d’amende pour la pollution de La Seiche, en Ile et Vilaine. Insuffisant cependant pour lutter contre les événements, l’association souhaiterait une prise de conscience à plus grande échelle : «  Il n’y a pas de renforcement de la législation d’année en année, donc pas de baisse significative. La fédération des agriculteurs nous dit que les cours d’eau sont de mieux en mieux, si on regarde les objectifs fixés par le plan Algues vertes, ils ne sont pas atteints », expliquait Bireuc Le Roch, juriste d’Eaux et Rivières, dans un entretien accordé à Ouest-France en octobre, pour les 50 ans de l’association.

Au delà des actions militantes pour la protection des cours d’eau, les institutions se lancent, elles aussi, dans une lutte pour la préservation de l’environnement. Les collectivités n’hésitent pas à investir. L’agence de l’eau Loire Bretagne, entre 2013 et 2018, a consacré 2,7 milliards d’euros à l’eau et à la biodiversité sur tout le bassin. Pour le programme actuel, s’étendant de 2019 à 2024, ce sont 2,27 milliards d’euros qui seront investis.

Un plan qui permet aux villes et aux communautés de communes de prendre des dispositions. Mi-décembre, près de Rennes, le syndicat mixte du bassin-versant du Meu et Jean Placines, directeur général de l’agence de l’eau Loire Bretagne, ont signé un contrat territorial des bassins-versants du Meu, de la Chèze et du Canut. Il visera à mettre en place des actions pour améliorer la qualité de l’eau, tout en réduisant au maximum l’impact des pesticides.

Pour l’instant, les effets de ces investissements restent insuffisants. Alors que l’agence de l’eau Loire Bretagne avait fixé, dès 2009, un objectif de 61% de masses d’eau en bon état écologique sur le bassin pour 2015, l’objectif n’a jamais été atteint et ne devrait pas l’être non plus en 2021, date à laquelle il avait été repoussé. Aujourd’hui, seuls 24% des cours d’eau sont en bon ou très bon état écologique.

 

 

 

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