Qualité de l’air : fait-il bon de respirer en Bretagne ?

 

Chaque année à Paris, 2500 personnes meurent de la pollution atmosphérique. C’est 60 fois plus que les accidents de la route dans la Capitale. (©Stuart Mudie via Wikimedia Commons)

Si la pollution de l’air peut contribuer au changement climatique, son autre incidence, la plus immédiate, est celle sur la santé de l’humain. Et pour cause, elle entraîne chaque année la mort de 7 millions de personnes dans le monde, selon un dernier bilan de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), réalisé en mai 2018.

La pollution de l’air, a causé la mort de 48.000 personnes dans l’Hexagone, en 2016 selon une étude de l’agence Santé Publique France. Elle représente 9% des décès et correspond à la troisième cause de mortalité évitable dans le pays après le tabac et l’alcool. Dans le viseur des autorités publiques, les particules fines (PM10 et PM2,5), rejetées dans l’atmosphère par les véhicules diesel, à l’origine de difficultés respiratoires, maladies cardiovasculaires et neurologiques ainsi que de cancers.

Mesure de la qualité de l’air : mode d’emploi

Dans chaque région de France, une structure agrée par l’État s’occupe de la surveillance de la qualité de l’air. En Bretagne, c’est l’association Air Breizh qui en a la charge à travers ses 18 stations de mesures réparties dans 8 villes du territoire : Guipry, Rennes, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Brest, Quimper, Lorient et Vannes. Elle est membre de la fédération Atmo qui regroupe l’ensemble des associations agrées de surveillance de la qualité de l’air en France. De cette fédération, découle l’indice Atmo, défini par le Ministère de l’Écologie et du Développement durable en 2004, qui permet d’évaluer la qualité de l’air dans les agglomérations d’au moins 100.000 habitants. Cet indice est déterminé à partir des concentrations de quatre polluants : le dioxyde d’azote (NO2) et de soufre (SO2), l’ozone (O3) et les particules en suspension, inférieures à 10 micromètres (PM10). À chaque polluant correspond un sous-indice calculé à partir des concentrations mesurées. Ces sous-indices sont calculés à partir des maxima horaires pour le dioxyde d’azote, l’ozone et des moyennes journalières pour les PM10. L’indice retenu est le plus élevé des sous-indices considérés.

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L’indice ATMO varie de 1 (air très bon) à 10 (très mauvais). (Photo : DR)

Les Bretons doivent-ils changer d’air ?

Que les Bretons se rassurent, l’air qu’il respire s’avèrent globalement moins pollué que celui des Parisiens. Cependant, malgré une exposition favorable aux vents d’Ouest, la région ne bénéficie pas d’un air parfaitement pur et dénué de tous polluants, bien au contraire. Premièrement, sur la période allant de décembre 2017 à octobre 2018, la moyenne mensuelle de l’indice Atmo pour les 7 villes étudiées se situe entre 3 et 5. Cela correspond à un air qualifié de «bon», dans lequel la moyenne journalière de PM10 oscille entre 20 et 39 microgrammes par mètre cube (μg/m3). Un point positif puisque la valeur recommandée par l’OMS pour une journée est de 50 μg/m3.

Parmi les polluants les plus importants, les matières particulaires (PM 2,5 et PM 10) ou particules fines qui affectent plus de personnes que les autres polluants. Dans les villes, elles sont générées par le trafic routier et notamment les véhicules diesel. Leurs effets sont destructeurs pour les individus puisqu’il n’existe pas de seuil en dessous duquel elles n’affectent pas la santé. Fait surprenant, ce n’est pas la plus grosse métropole du territoire, en l’occurrence Rennes, qui concentre les plus grands taux de PM10 dans l’air mais l’agglomération de Saint-Brieuc.

Même s’il reste encore un mois à effectuer dans cette année 2018, la moyenne annuelle de PM10, présentes dans l’air de la cité briochine est de 19 μg/m3. Un chiffre très inquiétant puisque l’OMS recommande une moyenne annuelle de 20 μg/m3. Néanmoins les résultats récoltés sont à nuancer : en effet, les stations de mesure placées par Air Breizh en différents endroits des villes analysées, sont plus ou moins exposées à la pollution atmosphérique.

« Les agglomérations sont les zones les plus polluées. Mais il faut savoir qu’au sein même d’une agglomération, du point de vue des mesures, nous distinguons deux types de sites : les sites de fonds et les sites de trafic. La pollution est différente entre les deux : les sites trafics sont plus pollués par les transports et la circulation que les sites de fonds. Et c’est sur la base de ces différents mesures que nous diffusons l’indice de qualité de l’air tous les jours », explique Alain Laplanche, président d’Air Breizh.

Par exemple, les données utilisées pour la concentration de PM10 à Rennes proviennent de la station Pays-Bas, placée dans un contexte urbain moins dense qui correspond aux quartiers résidentiels ou au centre urbain. Au contraire de la station Balzac de Saint-Brieuc, positionnée au cœur d’un milieu urbain assez dense. De plus, les normes européennes s’avèrent moins strictes que celles préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Le cas des PM10 en est la preuve flagrante. Alors que la directive européenne de 2008 sur la surveillance de la qualité de l’air – qui régit la réglementation française et actuellement en cours de révision – préconise 40 μg/m3 comme moyenne annuelle à ne pas dépasser pour la protection humaine, l’OMS de son côté a fixé cette même valeur à 20 μg/m3 soit moitié moins. Lorsque l’on sait que 15.000 litres d’air transitent par nos voies respiratoires au quotidien, la différence constatée peut s’avérer très problématique pour la santé des citoyens.

Encore de nombreux progrès à réaliser

Ainsi, si la qualité de l’air en Bretagne, dans sa globalité, est plutôt bonne, de nombreux efforts restent à mener puisque certains polluants, à l’instar des particules fines, ont une concentration encore trop importante dans l’atmosphère. De nouvelles pratiques du citoyen aux industriels, doivent être pensées et mises en place afin de réduire une pollution qui tue chaque année 7 millions de personnes en France. Il y a urgence mais la situation n’est pas encore irréversible.

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