Glyphosate : Monsanto fait appel de sa condamnation

Le géant agrochimique a été condamné en août à verser 289 millions de dollars de dommages et intérêts à un jardinier atteint d’un cancer qu’il attribue au Roundup.

Le feuilleton judiciaire n’est pas fini. Monsanto a entamé mardi 20 novembre la procédure d’appel de sa condamnation à payer des millions de dollars de dommages et intérêts à un jardinier américain souffrant d’un cancer qu’il attribue au Roundup.Le géant agrochimique a en effet déposé un « avis d’appel », première étape de sa démarche judiciaire pour revenir sur le verdict de ce procès historique. 

Rappel des faits

Le vendredi 10 août, la société Monsanto a été condamnée par la justice californienne, à verser 289,2 millions de dollars (248 millions d’euros) à un jardinier Dewayne Johnson. Un jury populaire du tribunal de San Francisco avait conclu que Monsanto avait agi avec « malveillance » en cachant le caractère potentiellement cancérigène du glyphosate. Il avait également considéré que ses désherbants grand public Roundup et professionnel RangerPro avaient « considérablement » contribué à la maladie de Dewayne Johnson, 46 ans, en phase terminale de son cancer.Il réclamait environ 400 millions d’euros à la société, désormais propriété du groupe européen BayerDans un communiqué mi-août , Monsanto a annoncé faire appel du jugement. « Nous ferons appel de la décision et continuerons à défendre vigoureusement ce produit qui bénéficie de quarante ans d’utilisation sans danger et qui continue à être un outil essentiel, efficace et sans danger pour les agriculteurs et autres usagers », précise l’entreprise qui met en avant les avis favorables de la majorité des agences réglementaires. Mais le répit de l’appel pourrait n’être que de courte durée : l’agrochimiste est confronté, aux Etats-Unis, à plus de 4 000 procédures semblables, devant des juridictions d’Etat ou des cours fédérales, et le jugement des jurés californiens, le premier du genre, ouvre une boîte de Pandore.

Phyto-victimes en France 

En France, une association existe pour les victimes des pesticides à savoir l’association photo-victimes. L’association Phyto-Victimes a été créée le 19 mars 2011 par des professionnels du monde agricole qui ont été confrontés brutalement à deux constats : les pesticides employés dans le cadre de leurs métiers avaient causés des dégâts importants et irréversibles sur leurs santés, et la reconnaissance en tant que victimes des pesticides ne pouvait s’obtenir sans une vraie bataille judiciaire.

Les procès en cours contre Monsanto ne sont pas légion. Ils se comptent sur… deux doigts. Il y a d’abord celui, historique, épuisant, mené par Paul François. Ce céréalier charentais a osé attaquer la multinationale en justice en 2007, trois ans après avoir été très gravement intoxiqué avec son herbicide Lasso, désormais interdit. Depuis l’accident (il a inhalé les vapeurs du pesticide en vérifiant une cuve), il vit un calvaire : amnésies, vertiges, bégaiements, crises semblables à de l’épilepsie, irritabilité, comas à répétition… Et se dit victime d’un «harcèlement judiciaire» de la part de Monsanto. Le géant des OGM et des pesticides «ne lâche rien, jamais». La firme nie tout en bloc, alors que l’agriculteur a «la preuve irréfutable d’avoir été intoxiqué de façon aiguë par un de ses produits». Fin mai dernier, autre première mondiale : une famille française intente un procès à Monsanto pour des malformations dues au glyphosate, l’herbicide le plus vendu au monde. Sabine et Thomas Grataloup, les parents de Théo, né en 2007 avec de graves malformations de l’œsophage et du larynx, assignent la firme américaine devant le tribunal de grande instance de Vienne (Isère).

Les jours et les mots à venir seront déterminants pour le groupe Monsanto

Matthieu Naizet 

 

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