Les déplacés climatiques, grands oubliés des négociations environnementales

Alors que la COP 24 s’est terminée il y a un mois en Pologne, l’objectif d’un réchauffement climatique de 3°C d’ici à la fin du siècle n’est toujours pas respecté. Pourtant, les conséquences d’une telle hausse seraient déjà dramatiques pour la planète. Et elle n’est pas la seule victime.

Assèchement des lacs, montée du niveau des eaux, phénomènes météorologiques…de nombreuses catastrophes naturelles poussent des millions de personnes à quitter leur foyer. Le nombre de réfugiés climatiques augmente chaque seconde comme le montre le site Planetoscope en temps réel. Et ce chiffre n’inclut pas les personnes forcées de quitter leur foyer à cause des catastrophes naturelles dites “lentes” comme l’avancée du désert ou le dégel des glaces.

Le visage humain du changement climatique

La dernière étude publiée par la Banque mondiale en mars 2018, dévoile que d’ici à 2050, 143 millions de personnes pourraient être contraints de quitter leurs lieux de vie. Le rapport se focalise sur trois régions : l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine, qui cumulent 55 % de la population des Etats en développement. Ce déplacement forcé serait essentiellement causé par les effets du changements climatiques. Kristalina Georgieva explique que cette étude est un “avertissement” envers des pays et des institutions de développement. Car, selon elle, il est encore temps d’anticiper les conséquences du changement climatique.

Le directeur en charge du changement climatique à la Banque mondiale, John Roome, confirme : “Si l’on parvient à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à encourager le développement par des actions en matière d’éducation, de formation, d’usage des terres… ce sont seulement 40 millions de migrants climatiques, et non 143 millions, auxquels ces trois régions devront faire face. La différence est énorme »

Les oubliés du droit international

Selon Oxfam, les populations les plus pauvres sont cinq fois plus touchées par les catastrophes climatiques extrêmes et soudaines, que celles des pays riches…alors qu’elles sont les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, entre 2008 et 2016, 14 millions de personnes dans les pays pauvres ont été déplacées contre « seulement » 1 million dans les pays riches. Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat pour Oxfam France prévient : « La multiplication inquiétante de tempêtes « historiques » comme Irma, préfigure les bouleversements profonds liés au changement climatique auxquels la population doit pouvoir s’adapter.”

Ce phénomène révèle donc de nombreuses inégalités. De plus, le statut de réfugié climatique n’est pas reconnu par le droit international. L’experte Eleonora Guadagno explique : “Cela échappe à une définition unique pour les Nations Unies, ce qui prive ces migrants d’une protection en vertu du droit international. Car il est difficile de séparer le facteur climat dans le phénomène de la migration et il est tout aussi difficile de reconnaître une responsabilité politique des Etats lors d’une catastrophe environnementale.”

Le changement climatique a de nombreux impacts. Les premières victimes sont les habitants d’Afrique subsaharienne, d’Asie du Sud et d’Amérique latine, mais ce ne sont pas les seuls. Il y a donc urgence à agir pour lutter contre le réchauffement climatique. Certaines associations militent déjà pour une transition écologique durable, mais des mesures sont attendues de la part des Etats pour réellement changer les choses.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *