Pollution sonore: l’impact néfaste sur les mammifères marins

L’océan n’est plus l’univers silencieux que nous imaginons. L’invention de l’hydrophone, il y a vingt-cinq ans, nous permet d’écouter ce qu’il se vit dans les profondeurs obscures. Le bruit de l’activité humaine, de plus en plus fort, se répand jusque sous les fonds marins, à des milliers de kilomètres du large.

 

Un écosystème perturbé

En septembre dernier, à bord du navire de Marie Tabarly pour l’Elemen’Terre Project, le couple de musiciens, Tiersen, expérimentait un enregistrement sonore. Alors que l’équipage était seul au milieu de l’Océan Atlantique nord, des sons de basse fréquence (<1000 Hz) issus de l’activité humaine ont troublé l’enregistrement. Les mammifères marins, et particulièrement les dauphins et baleines, sont les premières victimes du bruit de ces activités, qu’elles soient militaires, scientifiques ou industrielles. Par de nombreuses études menées depuis le début des années 2000, le CNRS, Institut écologie et environnement démontre que les nuisances sonores, ont des effets néfastes sur la communication acoustique des espèces animales. Dans la revue Biology Letters, des chercheurs de l’Université de Maryland ont publié une étude révélant que les dauphins sont aujourd’hui obligés de réduire leur communication. Les repères des mammifères marins étant majoritairement acoustiques, la pollution sonore vient troubler leur écosystème. Ces derniers sont alors contraints de s’adapter ou de changer d’habitat. Cette adaptation va de paire avec un changement de comportement qui joue en leur défaveur. La simplification de leurs sifflements pourrait en effet réduire les informations dans les signaux acoustiques et rendre plus difficile la communication pour les dauphins. “C’est un peu comme essayer de répondre à une question dans un bar bruyant et, après plusieurs tentatives répétées pour être entendu, on finit par donner la réponse la plus courte possible”, écrit la Dr. Helen Bailey dans “Dolphins simplify their vocal calls in response to increased ambient noise”, l’étude parue dans Biology Letters.

 

Des solutions travaillées

Les niveaux sonores sont en hausse dans les océans de la planète. “Le bruit du moteur d’un paquebot produit à Barcelone peut s’entendre en Sicile ou plus loin!” déclare le biacousticien Michel André, directeur du Laboratoire biacoustique à l’université polytechnique de Catalogne, où un programme international sur l’écoute de l’environnement marin de l’océan profond est mené.

Pour tenter de réduire l’impact de la pollution sonore, aussi bien dans les océans que sur les continents, des zones de protection naturelle sont créées, comme en Islande, grâce à l’association caritative anglaise Sea Life Trust.

 

 Anaëlle Abasq

 

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