Les huîtres françaises menacées par le changement climatique

Des huîtres en vente sur un étal : l’image pourrait devenir rare d’ici quelques années !

Une étude menée par des chercheurs français sur toute la façade atlantique de l’Hexagone dresse un constat inquiétant sur la mortalité des huîtres adultes. Dans le viseur des scientifiques, le changement climatique dont les effets ont un impact destructeur sur les mollusques.

Bientôt des repas de Noël sans huîtres ? Si la question a de quoi surprendre, elle est néanmoins légitime, à l’heure où la planète connaît de profondes transformations sur le plan climatique. Et pour cause, une étude menée par quatre chercheurs français de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), de l’Université de Nantes, du CNRS et de l’Ifremer dresse un constat sans appel. En se basant sur les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ils prévoient d’ici 2035, une mortalité exceptionnelle pour les huîtres françaises présentes sur la façade atlantique comparable à celle observée ces 20 dernières années.

Des huîtres en dépression

Dans leur rapport d’étude publié le 9 octobre dernier sur le site IOP Science, le groupe de scientifiques français pointe du doigt l’oscillation nord-atlantique. Derrière ce nom barbare se cache un processus climatique dont les répercussions s’avèrent défavorables pour les huîtres. En effet, l’oscillation nord-atlantique détermine le positionnement et la trajectoire des dépressions de l’hémisphère Nord. En phase positive, la différence des anomalies de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande est importante. Cela a pour conséquence un apport de douceur conjugué à de fortes pluies sur l’Europe de l’Ouest, lors des saisons hivernales. Or, les résultats compilés par les chercheurs montrent un fort taux de mortalité chez les huîtres suite à ces épisodes hivernales, relativement doux. Et pour cause, des températures hivernales plus élevées favorisent la transmission d’agent pathogène alors que l’eau douce, apportée par la biais de la pluie est un facteur de maladies chez les mollusques.

L’huître, perle précieuse des écosystèmes

Véritable indicateur de la bonne santé des écosystèmes, l’huître

« revêt une importance sociale, économique et culturelle primordiale. […]. Elle s’avère vulnérable à la pression anthropique lié aux changements globaux tels que le réchauffement des océans », rappelle Yoann Thomas, chercheur à l’IRD, ayant participé à cette étude.

Filtrant en moyenne cinq litres d’eau de mer par heure, l’huître est donc grandement sensible aux changements qui s’opère dans son milieu. Ainsi, si le réchauffement climatique s’accentue, l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère va croître, entraînant une hausse de la quantité de chaleur produite et à terme, une augmentation de la température des mers et océans par absorption de cette chaleur. La mortalité des huîtres risque donc de s’accentuer de manière exceptionnelle. Et les prévisions ne s’annoncent guère enthousiasmantes pour les années à venir. Récemment, un rapport d’experts du GIEC a montré que les mers et océans de la planète ont absorbé plus de 90% de la chaleur excédentaire piégée par les gaz à effet de serre, soit 60 % de plus que les précédentes estimations.

« Un océan plus chaud retiendra moins d’oxygène, ce qui aura des conséquences sur les écosystèmes marins »,  a déclaré le docteur Resplandy, un des participants à cette étude.

Premiers touchés, les coraux marins qui tentent tant bien que mal de résister à la hausse de la température des océans. Face au péril imminent qui menace les espèces, l’homme se doit de réagir face à une catastrophe qui le mènerait à sa perte. La situation est urgente mais pas encore irréversible.

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