Les animaux marins face à la pollution sonore

Ferries, pétroliers, porte-conteneurs ou cargos, les navires à puissant moteur impactent la vie des animaux marins. Poissons, dauphins, orques, de plus en plus d’espèces voient leur quotidien perturbé par l’activité humaine.

Le passage des navires fait désormais partie de la vie sous-marine. En 2016, une étude s’est intéressée aux passages des bateaux sur la côte de Washington qui abrite une communauté d’orques et baleines. Sur le détroit de Haro, les 1 600 bateaux pouvaient émettre 110 décibels contre les 90 décibels produit naturellement par les fonds marins. Depuis, diverses études s’attardent sur les conséquences de ce bruit anthropique qui influence les modes de communication, particulièrement chez les orques, dauphins ou baleines. Ces dommages engendrent donc un changement dans les comportements sociaux des animaux et peuvent également influencer les écosystèmes marins.

Des problèmes de communication

Les conséquences de cette pollution sonore sont multiples. Selon une étude dans le journal « Biology Letters », les dauphins continuent de communiquer mais leurs échanges sont simplifiés. Les biologistes marins Helen Bailey et Leila Fouda, de l’université du Maryland, ont enregistrées 200 cris de dauphins pendant trois mois au nord de l’Océan Atlantique. « C’est un peu comme essayer de répondre à une question dans un bar bruyant et, après plusieurs tentatives répétées pour être entendu, on finit par donner la réponse la plus courte possible », a expliqué Dr. Helen Bailey qui compare l’océan à une « autoroute marine ».

Certains animaux cessent même totalement la communication. Avec un chant qui se rapproche des bourdonnements des bateaux, les baleines à bosse mâles abandonnent leurs échanges à l’approche des navires. Ce silence peut durer 30 minutes après le passage de l’embarcation. Les orques ont également du mal à communiquer et cela interfère sur leur système d’écho-localisation. Un problème qui agit sur la chasse et donc la survie des espèces.

Des espèces menacées ?

Manque de nourriture, impossibilité de repérer les dangers, différentes espèces ont du mal à vivre à travers la pollution sonore. Les poissons-demoiselles sont connus pour leurs belles couleurs vives mais ils sont moins connus pour leur besoin de réactivité face aux prédateurs. C’est en analysant les bruits lointains que ces poissons fuient les dangers. Mais avec le trafic humain, ils auraient trois fois moins de chance de survivre, indique une étude publiée en février 2016. En effet, le bruit est facteur de stress et demande une augmentation de la consommation d’oxygène, passant de « 20% supplémentaire, consommés en 30 minutes ».

La vie marine est donc très impactée par la pollution sonore des bateaux de tourisme ou marchands. Aujourd’hui, l’étude de la Royal Society propose alors de porter une réflexion sur des moyens de rendre les moteurs plus silencieux, ou pourquoi pas… revenir aux voiliers.

Olympia Roumier

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