La résistance des récifs coralliens face au réchauffement océanique

Le réchauffement climatique, principalement engendré par les activités anthropiques, menace de nombreuses espèces animales. Qu’elles soient terrestres ou marines, toutes voient leur habitat mis en péril. Néanmoins, certains récifs coralliens semblent s’adapter, voire résister, à la hausse de la température des océans.

Les coraux ont un rôle déterminant pour la biodiversité marine. Ils constituent une part importante des récifs coralliens qui occupent 0,1% de la surface des océans. Ils sont essentiels puisque 25% de la biodiversité marine dans le monde y vit.

L’accroissement des facteurs de stress

La fragilité des coraux face au changement de température de l’eau explique leur blanchissement accru depuis 1985. Raison pour laquelle c’est une espèce protégée. L’une des principales causes de leur blanchissement est le stress thermique. Si la température de l’eau augmente, les coraux blanchissent. Dans l’hypothèse où cela perdure sans baisse de la température de l’eau, ils meurent. Si rien ne change, d’ici à 2050, plus de 90% des récifs coralliens auront disparu. A cela s’ajoute l’intensification des catastrophes climatiques, dont la violence peut détruire les récifs. Sans compter les prédateurs qui empêchent parfois le développement des coraux et participent à leur destruction irréversible.

Adaptation et résistance possibles des récifs

Si de nombreux récifs coralliens sont aujourd’hui dans une situation critique, dans certaines régions du monde, quelques espèces de coraux continuent à se développer malgré les divers facteurs de stress existants. C’est notamment le cas en Polynésie avec le récif corallien de Moorea. Face aux nombreuses agressions naturelles qu’ils ont subi au cours de ces vingt dernières années (El Niño, l’Acanthaster), les coraux ont démontré une capacité de recouvrement de 50% en l’espace de dix ans, “ce qui est très rapide à l’échelle de l’écosystème corallien” explique Mehdi Adjeroud, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Rien n’explique pour le moment la capacité qu’ont les coraux de se redéployer dans cette partie de la Polynésie, même si la présence de poissons herbivores pourrait en être la cause. Ils empêcheraient la prolifération d’algues sur les récifs, permettant aux coraux de se développer à nouveau. Si certaines espèces résistent en Polynésie, il y a cependant un appauvrissement de la diversité des espèces présentes dans les récifs.

Le récif corallien du golfe d’Aqaba qui se trouve au Nord-Est de la mer Rouge est un cas unique en son genre. Les coraux qui s’y trouvent font de la résistance si on le compare avec le sort qui est réservé à la Grande barrière de corail en Australie. Le phénomène de blanchissement des coraux constaté dans de nombreux récifs coralliens ne concerne pas le golfe d’Aqaba pour le moment. Maoz Fine, chercheur en biologie marine à l’Université de Bar-Ilan en Israël l’explique comme une spécificité à cette zone géographique. Le patrimoine génétique des coraux, qui étaient autrefois au sud de la Mer rouge où l’eau était plus chaude, auraient conservé le souvenir de cet environnement passé, avant de monter plus au nord vers le golfe d’Aqaba. Cela leur permettrait, peut-être, de mieux s’adapter au réchauffement océanique. Raison pour laquelle aucun blanchissement des coraux n’est à déplorer dans cette partie du monde.

Même si l’on constate des résistances au sein des écosystèmes coralliens, qui sont propres à certaines régions du monde, la seule manière d’éviter la destruction et le blanchissement des coraux sans plus tarder est d’agir contre le réchauffement de la planète. La destruction des récifs pourrait avoir des effets irréversibles pour certaines espèces marines. En témoigne le dernier rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) rendu en octobre 2018.

Lena Thébaud

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