L’huître, autre victime du réchauffement climatique

La saison des huîtres commence. Ces mollusques subissent de plein fouet les changements climatiques. Cela s’amplifie chaque année avec le réchauffement climatique et implique de nombreuses pertes dans la production ostréicole, qui doit s’adapter chaque année aux conditions climatiques.

Huîtres

Le réchauffement climatique met en danger la production ostréicole mondiale.

Pas d’huîtres pour Noël ? C’est bien ce qui risque d’arriver. Pas cette année mais d’ici quelques décennies. Le lien entre climat et mortalité des huîtres a été établi par quatre chercheurs français, auteurs d’un article publié le 9 octobre démontrant l’impact des variations climatiques sur la mortalité des huîtres adultes. La hausse des températures hivernales, le vent et la pluie menaceraient directement la production ostréicole mondiale.

Ces scientifiques ont analysé vingt ans de données météorologiques, huîtrières, de données sur l’eau douce, sur l’eau de mer. Leur conclusion disponible sur IOP Science est sans appel : des hivers rythmés par des températures élevées et de fortes pluies engendrent une forte mortalité des huîtres adultes, durant leur 3ème et dernière année de développement. La raison ? L’augmentation des températures favorise l’activité des agents pathogènes dans l’eau, développant ainsi plus de maladie et de virus chez les huîtres adultes. Le phénomène climatique « d’oscillation nord-atlantique » entraînant des hivers doux et pluvieux tend à augmenter avec le réchauffement climatique et pèse lourdement sur les facteurs de mortalité des huîtres : variation de richesse en nourriture, de salinité, augmentation du débit d’eau douce des rivières, acidification des océans, absence de repos biologique des mollusques qui dépensent de l’énergie pour se reproduire et sont donc fragilisées.

Changement climatique, changement de pratique de production

Toutes ces modifications de paradigme environnemental ont pour conséquences une modification des environnements dans lesquelles les huîtres grandissent . 

L’eau plus chaude favorise le développement des naissains, nécessitant alors un travail de récolte de la part des ostréiculteurs et entraînant une mortalité des jeunes huîtres plus élevée. Alors quand les productions ostréicoles du Poitou-Charentes sont les plus exposées aux pertes d’huîtres adultes, donc aux pertes financières directes, en Bretagne, les naissains commencent à apparaître et obligent les ostréiculteurs à booster leur main-d’oeuvre et leur temps de travail pour gérer ces phénomènes reproductifs contraignants. Les productions devront progressivement migrer vers le Nord pour profiter d’une eau plutôt froide, une migration choisie pour un élevage plus aisé, mais qui se retrouve naturellement chez de nombreuses espèces comme chez les poissons.

Si les eaux devenaient trop chaudes, cela mettrait en danger le développement de l’ensemble des crustacés et des mollusques. Dans leur rapport, les chercheurs de l’IRD prévoient une mortalité d’huîtres adultes en France à hauteur de 25 à 30 % d’ici 2035, soit les mortalités exceptionnelles de ces dix dernières années.

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