L’Europe légalise le vin en Bretagne : qu’est ce que ça change ?

Au premier janvier 2016, l’Europe autorisait la plantation de vignes dans les zones géographiques auparavant interdites. Une réforme qui a fait beaucoup de bruit au sein de la filière. De nouvelles perspectives naissent, comme par exemple celle d’un vignoble breton. Décryptage sur les conséquences de cette réforme.

Le Clos de Garo à Saint-Suliac, Ile-et-Vilaine (35). Les vignes, issues du cépages Rondo, produisent le premier vin rouge Breton. Photo : Christina BRUN

« L’Union européenne modifie les règles sur la plantation du vignoble » En s’appuyant sur cet article de France Info, il serait bon de revenir sur quelques points pour apporter plus de détails en prenant le cas du vignoble breton.

Si l’on synthétise cet article il est dit que l’Europe autorise, depuis le 1er janvier 2016, la plantation de vignes dans les zones auparavant interdites. Désormais, il est légal de planter de la vigne mais aussi, et surtout, de commercialiser le vin qui en est produit.

Ce que l’on sait :

-Cette réforme vise à pallier à la baisse du nombre d’hectares en France.

-Le vin produit par ces vignes sera classé « Vin de France ».

-Il est aussi dit que seul 1 % de la production globale française pourra être plantée chaque année. Donc sur environ 800 000 hectares de vignes en France, 8 000 hectares par an.

 

Un peu d’histoire

Autoriser la production plutôt que de l’interdire. La démarche s’inverse. Auparavant la production en Bretagne et dans les autres zones concernées étaient interdite de fait, sauf contre indications. Aujourd’hui c’est l’inverse. Mais pourquoi ce vin était-il interdit ?

Les spécialistes affirment que le vin en Bretagne, s’est démocratisé grâce aux romains au IIIème siècle de notre ère.

Son rôle n’était pas anecdotique, bien au contraire. La vigne tenait une place centrale de l’économie. Il apparaît que l’usage du fût de chêne découle des gaulois et du transports par bateaux des tonneaux d’hydromel.

Pourtant, cet épisode semble avoir complètement disparu du paysage historique breton.

C’est à partir du Xème siècle que la culture de la vigne décroit. En cause ? Le climat de plus en plus frais et la concurrence grandissante suite au développement du commerce. Puis, au XVIIème, une décision du ministre Colbert entraînera le remplacement des vignes malades au bénéfice des pommes, moins sujettes aux parasites. La Bretagne devient une terre à cidre et le vin breton un souvenir oublié dans l’Histoire.

Bien sur quelques amateurs, d’irréductibles gaulois, ont bravés les interdits et cultivés la vigne sans pouvoir la commercialiser.

 

L’appellation Vin de France sur les vins bretons fait débat

Vin de France c’est quoi ?

« Vin de France » est une dénomination crée en 2009 qui remplace le traditionnel « Vin de Table » pour permettre une meilleure distribution auprès du consommateur français et international.

Cette modification du nom s’inscrit dans le cadre de la politique agricole commune et de l’organisation du marché du vin en Europe. Il n’en ai pas moins que « Vin de France » reste la plus petite appellation de traçabilité sur bouteille Française.

Ainsi, le cahier des charge de l’appellation « Vin de France » prévoit que les raisins utilisés pour faire le vin doivent pousser en France. C’est la seule indication. En somme, le vin final peut être issu d’un assemblage de raisin issus de plusieurs régions de France. Cette appellation ne contraint pas a respecter ni une variété de fruit, ni un mode de conduite, ni une région, ni un traitement en bio…

 

Pourquoi fait-elle débat ?

L’article fait écho de « quelques craintes des viticulteurs français ». Parce que c’est une nouvelle concurrence ? Pour les autres producteurs de vins de soif notamment.

Sources : Les chiffres clés du vin, par le comité national des interprofessions du vin (CNIV).

En effet, la moitié des bouteilles de vin en France sont achetées en grande distribution et les français dépensent généralement moins de cinq euros mais il apparaît qu’il consomment plutôt des vins en IGP (indication géographique protégée) et non pas des « Vins de France ».

Source : PDF France Agrimer sur la synthèse des ventes et achat de vins (p12).

 

Le vin Breton, lui, jouira de l’impulsion de sa nouveauté en décrochant des ventes.
L’appellation « Vin de France » ne dispose pas d’un marché saturé. En somme le débat est celui la concurrence. Il n’est jamais bon d’être le nouveau à venir grignoter des parts de marché.

Dans une dernière partie, l’article évoque les vignerons de vignobles ancestraux, il se veut rassurant. L’Europe ne modifie en rien les cahiers des charges et les appellations de protection de la traçabilité qui existaient déjà. Seuls les vignobles en devenir sont concernés par cette réforme.

Une réforme en lien avec le réchauffement climatique ?

Un bruit court un peu partout chez les acteurs de la filière. Cette réforme viserait à anticiper les retombée du réchauffement climatique. En effet, de nombreux vignobles français voient leur date de vendanges s’avancer, leurs raisin brûler à même le cep, signe que les variétés ne sont plus adaptées au climat. Pour l’heure les déclarations officielle sont rares. Mais parallèlement, de grandes maisons de vin commencent à voir venir le filon et profitent du réchauffement climatique pour investir. C’est le cas de Taittinger (producteur champenois), qui décide d’exporter des ceps en grande Bretagne et de produire ses bulles dans le Kent, au sud-est de Londres.

 

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