Des collectifs d’agriculteurs expérimentent des modèle agricoles sans pesticides

Le glyphosate est bien loin d’être essentiel. Ce produit phytopharmaceutique semblait irremplaçable pour une grande partie du monde agricole. Pourtant les scandales sanitaires liés à son utilisation imposent peu à peu le gouvernement à penser la production agricole autrement. Des collectifs d’agriculteurs se regroupent pour créer ce nouveau modèle. Ils se réunissent dans des Groupements d’intérêts économiques et environnementaux, créés en 2014 et reconnus par l’État. Ils s’engagent pour « la modification ou la consolidation de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociétale ».

Les «mauvaises herbes» porteraient peut-être mal leur nom. Ces plantes qui poussent entres les cultures ont longtemps été mal perçues par les agriculteurs. Elles constituaient pour eux un frein à la production dans des exploitations intensives. Pour les combattre nombre d’agricultures utilisaient et utilisent encore, pour certains, un produit phytopharmaceutique appelé glyphosate. Mais aujourd’hui ce n’est plus trop les «mauvaises herbes» qui sont mal perçues mais plutôt le pesticide qu’on utilise pour les tuer. Alors comment continuer de produire en grande quantité sans être dérangé par ces mauvaises herbes ? Si la question émerge depuis longtemps dans la tête de certains agriculteurs, elle fait peu à peu son chemin au sein du gouvernement. Lors du Grenelle de environnement en 2007 par exemple, il était déjà évoqué la réduction de l’utilisation des pesticides. Un Plan Ecophyto, mené par le Ministère de l’Agriculture, se mettait alors peu à peu en place.

L’État missionne les agriculteurs dans la recherche d’une production sans pesticides

Pour mettre en œuvre une réduction de l’utilisation des pesticides dans une agriculture intensive qui utilise en masse ces produits, l’État devait multiplié ses actions. L’une d’entre elles a été la constitution des Groupements d’intérêts économiques et environnementaux (GIEE), créés en 2014. Il s’agit de collectifs d’agriculteurs reconnus par l’État et qui s’engagent dans «la modification ou la consolidation de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociale ». Il en existe 492 en 2019. Chacun de ces collectifs mènent des expérimentations et pensent un modèle d’agriculture où l’utilisation des produits phytopharmaceutiques n’a plus une place centrale.

Un collectif d’agriculteurs d’Ille-et-Vilaine propose son alternative

Choisir ces « mauvaises herbes » plutôt que de les éliminer, c’est plus ou moins comme cela que l’on peut synthétiser l’invention du groupe Sol Vivant 35 dans la réduction de l’utilisation des pesticides. Ce collectif d’Ille-et-Vilaine existe depuis 2012 et a été reconnu par l’État comme un GIEE en 2015. Ces membres s’intéressent à l’agriculture de conservation des sols. Parmi eux ont compte Sébastien Sachet céréalier et éleveur bovin à Esse. Sur son exploitation, une parcelle est dédiée aux expérimentations qu’il mène avec son GIEE. Après plusieurs essais, ils ont développé une technique dite de « couvert végétal ». Dans une interview pour le Ministre de l’Agriculture, il en explique le principe. « Une fois la culture de blé, d’orge, de maïs ou de colza récoltée, je couvre le sol avec différentes plantes pour le protéger de l’érosion, l’enrichir en matière organique et en biodiversité. Toutes ces plantes vont occuper une partie de l’espace à la place des herbes indésirables, et me permettre de réduire le recours au glyphosate quand vient le moment de les enlever pour semer à nouveau une culture » explique-t-il. Plusieurs tentatives sont à mener pour trouver la bonne combinaison entre ces différentes plantes, mais ce modèle lui semble quant à lui plus respectueux de l’environnement.

Emma Fortin

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