Les précieuses ressources des abysses

Les gisements de minerais terrestres s’épuisent chaque jour un peu plus. Certaines ressources naturelles ne sont pas renouvelables alors qu’elles sont au coeur de l’économie mondiale. Lorsque les ressources du sol se font rares, c’est vers les ressources enfouies au fond des océans que l’on se tourne. Mais à quel prix ?

L’exploration et l’exploitation des ressources sous-marines sont envisagées depuis une quarantaine d’années. Mais ce n’est que depuis dix ans, avec les avancées technologiques et les financements liés à la recherche, que ces éventualités se transforment en réalités. Des autorisations d’explorer les fonds marins ont déjà été accordées à certaines entreprises privées. La richesse de ces ressources est bien supérieure aux ressources terrestres mais leur extraction à des milliers de mètres de profondeur peut s’avérer complexe.

Des ressources inestimables

Une expertise du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer de 2014 expliquait déjà l’apport économique que pouvait générer l’exploitation des ressources minières sous-marines. Que ce soit des métaux de base (cuivre, zinc, plomb), des métaux précieux (or, argent) ou des éléments rares (indium, sélénium, germanium), les milieux marins constituent un réel potentiel économique. Il y a non seulement une diversité de ressources sous-marines mais leur quantité peut être trois fois supérieure à la quantité trouvée sur terre, si l’on prend l’exemple du cobalt. Ces ressources peuvent s’avérer stratégiques pour un pays comme la France, qui possède le deuxième territoire maritime mondial et quand on sait que seulement 10% de l’océan a déjà été exploré.

« Ce travail d’expertise était devenu nécessaire car, face à l’explosion de la demande en métaux au niveau mondial, les compagnies minières font de plus en plus pression pour obtenir des permis d’exploration » explique Sylvain Lamare, chercheur et directeur adjoint scientifique de l’Institut écologie environnement du CNRS ayant participé à l’expertise.

La compagnie privée Nautilus Minerals a pu explorer les fonds océaniques de la Papouasie Nouvelle-Guinée avec son projet Solwara 1 à plus de 1600 mètres de profondeur. Cela lui a permis de mettre en place le premier projet minier sous-marin. La future exploitation de sulfure étant prévue pour mars 2019. Ce projet fait débat, dans cette région du monde où demeurent des écosystèmes parfois intactes, vastes et encore méconnus de l’homme.

Quel impact environnemental ?

Malgré certaines réglementations et autorités existantes qui ont été mises en place pour protéger les fonds marins, le risque d’affecter de manière irrémédiable les écosystèmes marins persiste. L’Autorité internationale des fonds marins tend à protéger les fonds marins et à contrôler les activités extractives et les effets néfastes qu’elles peuvent avoir sur la biodiversité marine, que ce soit en terme d’exploration ou d’exploitation. A l’heure actuelle, un peu moins de trente contrats d’exploration ont été accordés aux Etats. Compte tenu de l’épuisement des ressources terrestres et de nos modes de consommations, il est impératif de protéger les fonds marins.

Une fois que l’exploitation des ressources sous-marines aura commencé, le réel enjeu sera de ne pas les épuiser comme nous l’avons fait avec les ressources terrestres. Que l’avenir des écosystèmes marins soit une priorité. La Terre est recouverte à 71% d’océan et une grande partie est encore inexploré. Un grand nombre d’espèces endémiques des fonds marins n’est pas encore impacté par l’activité humaine. L’extraction des ressources naturelles à des milliers de mètres de profondeurs risque de perturber leur environnement. Sans compter le rejet des déchets miniers et la dissémination de métaux lourds en mer. Les industries et les pouvoirs étatiques sont-ils capables d’explorer et d’exploiter de nouvelles ressources sans impacter l’environnement et mettre en danger certaines espèces ? L’avenir de notre planète en dépend…

Lena Thébaud

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