Rennes Métropole. Sale constat dans nos poubelles

Du 17 au 25 novembre avait lieu la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets. L’occasion pour nous de s’intéresser au cas rennais. Que contiennent les poubelles des Rennais et comment leurs déchets sont-ils traités ? Voici quelques chiffres pour vous éclairer.

C’est un enjeu majeur. La réduction des déchets est désormais sur toutes les bouches mais qu’en est-il en pratique ? Du côté de Rennes, la situation est globalement plus avancée qu’au niveau national. Les Rennais sont loin d’être les cancres du tri et de la valorisation des ordures mais il reste toujours des points à améliorer. La preuve : depuis 2002, on n’observe pas de réduction massive des ordures, malgré une amélioration depuis 2014 aidée par l’adoption de nouvelles consignes de tri :

Les habitants des 43 communes de Rennes Métropole produisaient, en 2017, 84 tonnes d’ordures ménagères et 41 tonnes de déchets recyclables, soit en moyenne, 466 kilogrammes de déchets par an et par habitant. Et cela n’a pas beaucoup évolué depuis 2002. Alors, pourquoi est-ce si compliqué de faire réduire leurs déchets aux habitants ? Le service communication de Rennes Métropole ne peut identifier une seule raison pour l’expliquer : « Il y a plusieurs choses : les pratiques évoluent, les modes de consommation aussi. Ce n’est pas seulement lié aux politiques de Rennes Métropole. Nous essayons de sensibiliser au maximum pour réduire les déchets, diminuer le gaspillage alimentaire dans les cantines des écoles et des lycées. Nous mettons en place des bacs de compost gratuits pour les villes qui le souhaitent et nous communiquons sur les types de déchets encore peu triés comme les textiles ou les déchets verts. En terme de résultats, nous sommes bien placés mais cela varie d’une année sur l’autre ».

Selon Zero Waste, l’association pour une société zéro gaspillage et zéro déchet, un moyen de réduire les ordures des 438.000 habitants de Rennes Métropole serait l’instauration une tarification individuelle : les prix payés par les usagers seraient indexés sur la quantité de déchets produite. « De nombreuses études prouvent régulièrement les résultats probants de cette tarification en termes de réduction à la source, l’amélioration des taux de collecte des déchets recyclables, la meilleure captation en déchèterie, et surtout la forte baisse des ordures ménagères résiduelles à incinérer ou mettre en décharge. » L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) soutient également cette tarification incitative. « Nous voulons montrer que cela fonctionne. La redevance incitative est un levier très fort pour booster les performances de tri et baisser le coût de la collecte », assure Véronique Marie, chargée de mission à l’Ademe Bretagne. 

 

 

Le prix de la redevance d’enlèvement des déchets par usager en 2013 était de 77€ hors taxes, 83€ toutes taxes comprises. La moitié de cette somme correspondait à la collecte des ordures ménagères. C’est pourquoi il paraît indispensable de réduire drastiquement ces déchets en particulier via des systèmes de compost ou de tri élargi aux emballages. Claire Guirimand, du Conseil économique, social et environnemental de Bretagne (assemblée consultative représentant les « forces vives » de la région), rappelle l’importance de questionner les modes de production et de consommation : « évidemment, il est important de se pencher sur les traitements des déchets, mais il ne faut pas oublier qui produit ces emballages et quelle est leur responsabilité dans la gestion de ces déchets ».

Une réduction à la source, oui, mais après ? 

Après la collecte, les déchets doivent être traités. L’idéal est de les valoriser : compost pour l’agriculture, recyclage, chauffage et électricité. Autour de Rennes Métropole, de nombreux centres de tri, installations de stockage, plateformes de compostage se chargent de traiter et de valoriser ou non les ordures des habitants.  

Et malgré ce tri de proximité et des efforts de la collectivité, plus de la moitié des déchets de Rennes Métropole sont encore incinérés. 

Pour se donner bonne image, la région met en avant la valorisation énergétique de ces incinérations. En effet, cela sert à chauffer 20.000 logements chaque année, mais cela produit surtout des Mâchefers et du Refiom, deux résidus des incinérations. Le premier est utilisé pour remblayer les routes mais le second est hautement dangereux pour l’environnement et la santé et inutilisable. Autour de Rennes, 5.557 tonnes de Refioms résultent de ces incinérations. 

L’incinération, le stockage et l’enfouissement des déchets ont encore de sérieux impacts environnementaux, sanitaires et sur la préservation des ressources. Reste à savoir combien de temps cela prendra pour développer de nouveaux moyens de traitement des déchets ou simplement de réduire drastiquement la production et l’émission de déchets à la source.

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