Le journalisme de solutions, porteur d’initiatives citoyennes

Kaizen, We Demain, La part du colibri… les médias consacrés au journalisme positif se multiplient. Avec un même but : mettre en avant des alternatives, des solutions à des problèmes et notamment la lutte contre la pollution, tout en offrant un miroir à la mobilisation citoyenne.

« Le journalisme d’impact propose de donner aussi la voix aux porteurs d’initiative ». Cette définition est donnée par le magazine Kaizen, un média co-fondé par l’écrivain et réalisateur écologiste Cyril Dion. Journalisme d’impact, de solutions, positif, constructif… si les termes sont nombreux pour désigner ce nouveau type de journalisme, le concept reste le même : il s’agit de trouver des solutions aux problèmes du quotidien et offrir une visibilité aux individus à l’origine de ces initiatives.

Le journalisme de solutions apparaît pour la première fois aux Etats-Unis, à la fin des années 90. Puis en 2007, de grands quotidiens comme le New York Times ou le groupe de presse danois Berlingske Media décident de s’emparer du concept afin de « mettre en œuvre une approche journalistique qui apporte des solutions à des problèmes de société », explique Pauline Amiel dans « Le journalisme de solutions, une solution à la crise de la presse locale ? ».

En finir avec le journalisme de dénonciation

L’émergence de ce concept est due à une critique qui revient de plus en plus envers les médias : le public reproche aux journalistes de faire un journalisme pessimiste, qui ne s’intéresse qu’aux drames et à la dénonciation. « On a été confrontés à des gens qui nous disaient ne plus lire la presse, ne plus s’informer, parce que tous les sujets étaient systématiquement négatifs, anxiogènes. Ils nous expliquaient se sentir impuissants face à ces problèmes, et nous demandaient pourquoi les médias n’étaient pas plus optimistes », confie le journaliste William Buzy, co-auteur du livre « Impact(s) – douze initiatives pour construire le monde de demain… dès aujourd’hui ! », dans une interview donnée à Up Le Mag.

Face à cette critique certains médias, comme Kaizen, décident de ne plus simplement faire le constat d’un fait d’actualité, mais aussi de comprendre le problème et d’en tirer des moyens d’agir. « Si les médias ont l’habitude de parler des ‘’trains qui arrivent en retard’’, il est tout aussi pertinent de s’intéresser aux solutions pour qu’ils ne le soient plus », affirme la rédaction de La part du colibri sur son site.

Donner la voix aux citoyen·ne·s… tout en les sensibilisant

L’écologie est un des domaines largement abordés par les médias de solutions. Up Le Mag, un magazine consacré à des initiatives collectives et individuelles, possède ainsi une catégorie « Ecologie » sur son site Internet. Régulièrement, ses journalistes y rédigent des articles sur des idées, des projets lancés par des citoyens afin de lutter contre la pollution. Le 28 septembre dernier, le magazine publie « Dans le Tarn, deux jeunes vont planter une forêt indigène », qui détaille le projet de deux amis de récréer entièrement une forêt disparue dans les années 1870-1900. Même chose à Kaizen (« L’écologie ça commence par moi avec Julien Vidal ») ou à We Demain (« A 11 ans, elle réunit 4.000€ pour offrir à l’Irlande sa première ‘’poubelle des mers’’ »). Mais le journalisme de solutions n’est pas l’apanage des médias spécialisés : en 2016, le quotidien de presse régionale Nice-Matin créé une rubrique numérique et payante consacrée au journalisme d’impact. A l’instar des médias spécialisés, le journal met en lumière des actions citoyennes, comme la création d’une application pour réduire le gaspillage alimentaire par des étudiants azuréens.

Outre les articles sur des initiatives issues de la société civile, le journalisme d’impact vise à sensibiliser les citoyen·ne·s grâce à des astuces, des conseils et des recommandations. Dans un dossier consacré au tourisme éco-responsable, les journalistes de la rubrique de solutions de Nice-Matin sont allés à la recherche de propositions afin de faire du tourisme sans détruire l’environnement : louer un logement certifié par un écolabel, ramasser ses déchets, faire des activités éco-responsables… autant d’idées simples et faciles à mettre en place pour chaque lecteur·rice. Pour Emilie Kovacs, autrice de « Journalisme de solutions ou la révolution de l’information », « les gens ont envie de s’engager davantage, de se responsabiliser, de devenir acteurs de leur société. Ils ne veulent plus subir l’information […]. En cela, le journalisme d’impact parle aux gens ».

Annabelle Georges

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