Dans l’agriculture bio, une division genrée du travail

La Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) a réalisé une grande enquête sur les agricultrices bio en début d’année 2018, les résultats montre que la division du travail dans ce secteur d’activité reste genrée. Explications. 

L’agricultrice bio type est plus jeune que son homologue du conventionnel, plus diplômée mais assignée à des activités spécifiques liées à son genre. C’est ce que nous révèle une étude de la FNAB. L’agriculture a longtemps été considéré comme une activité éreintante physiquement donc destinée aux hommes. Mais, la création, en 1985, des Exploitations agricoles à responsabilité limitée (EARL) autorisant les époux à être les seuls associés a favorisé leur connaissance dans l’agriculture. Aujourd’hui sur les 36 664 producteurs bio en France en 2017, environ 10 000 sont des femmes et 45% d’entre elles travaillent avec leur conjoint.

Répartition genrée du travail à la ferme

Le ministère de l’agriculture avance que les femmes auraient, d’après différentes enquêtes et sondages d’opinion, une sensibilité à l’environnement plus forte. Selon la Chambre d’agriculture de Bretagne la part des femmes diminuerai même dans les installations en filières classiques, pour ainsi augmenter dans les filières bio ou nouveaux marchés-nouvelles filières. Or, dans les fermes tenues en couple,  les agricultrices bio se voient pour 80 % d’entre elles, assignées au travail administratif (80 %). Elles sont également assignées à d’autres tâches bien spécifiques comme les activités de diversification c’est à dire la vente à la ferme ou au marché par exemple. Aussi selon Sabrina Dahache  , chercheuse : « [Les] agricultrices se ménagent généralement du temps pour des activités qui offrent une certaine flexibilité : soins aux animaux, comptabilité ». Cette analyse a été confirmée par l’enquête.

Double journée

En plus du travail à la ferme les agricultrices bio doivent également assumer les tâches ménagères. 66 % des agricultrices bio en couple avancent s’occuper en totalité ou presque des tâches domestiques. Les inégalités sont beaucoup plus marquées puisque seulement 26 % des Françaises faisaient le même constat en 2005 (enquête Relations Familiales et Intergénérationnelles INED-INSEE). Résultat, l’enquête estime que les agricultrices bio se retrouvent avec des semaines à 60heures de travail. Une accumulation de tâches dont 38% des répondantes aimeraient s’acquitter. Idem, un tiers d’entre elles désirent être soulagées des responsabilités administratives auxquelles elles sont renvoyées. « Nous devons apprendre à déléguer les tâches ménagères et administratives pour prendre davantage de responsabilités politiques et faire avancer les projets de société, a déclaré Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab lors d’un colloque. Il faut que les femmes fassent bouger les lignes, qu’elles choisissent et non qu’elles subissent. » 

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