Climat : Quels enjeux derrière la mobilisation #OnEstPrêt lancée par des youtubeurs ?

Lundi 5 novembre, une soixantaine de youtubeurs ont annoncé le lancement d’une initiative citoyenne pour le climat intitulée « On est prêt ». À partir du 15 novembre et pendant un mois, les vidéastes proposeront à leur communauté des astuces du quotidien pour réduire leur impact sur l’environnement. Cette démarche, parfois critiquée sur les réseaux sociaux, interroge sur le rôle mené par les influenceurs, nouveaux leaders d’opinion, dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Face caméra, les visages défilent. Dans une vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux, plus de 60 créateurs sur Internet annoncent le lancement d’un « grand défi », sobrement appelé #OnEstPrêt. Porté par des grands noms d’Internet comme Natoo, Jhon Rachid, Fabien Olicard, ou encore Justine Le Pottier, cette initiative a pour objectif d’inviter les communautés de fans à adopter des habitudes plus respectueuses de l’environnement.

Engagés et engageants

Pendant un mois, ces 60 youtubeurs devront changer leurs habitudes de consommation, de transport, de gestion énergétique, et partager leurs expériences sur leurs réseaux sociaux. « Devenir zéro déchet, rejoindre une asso, aller dans une banque qui ne finance pas les projets fossiles, diminuer la viande, ou encore baisser le chauffage », liste en exemple le comédien Baptiste Lorber, dans la vidéo de présentation du projet.

Tant de gestes quotidiens que pourront ensuite copier leurs communautés de fans. Car derrière cette soixantaine de vidéastes, aussi appelés pompeusement « influenceurs », il y a des millions d’abonnés et de potentiels écolos. Face au dérèglement climatique et aux catastrophes environnementales qu’il engendre, « tu deviens un acteur de ce changement, un héros de l’histoire », lance le youtubeur Cyril.

Dans la même lignée que les mobilisations antérieures sur Youtube, notamment la vidéo de 2015 « Break the Internet » avec Nicolas Hulot pour la COP21, ce hashtag #OnEstPrêt se veut participatif et ludique. Bien loin de Leonardo DiCaprio et de ses discours à l’Onu, les youtubeurs reprennent les codes de la plate-forme qu’ils ont vu naître et veulent faire participer directement leurs abonnés.

Une initiative « culpabilisante » et « parisienne » ?

Toutefois, si l’initiative a déjà fait beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux avant même d’avoir véritablement débuté, quelques internautes l’ont copieusement critiquée. Bien sûr, aucune remise en question de la base consensuelle de #OnEstPrêt, c’est-à-dire la lutte contre le dérèglement climatique. Mais d’autres paramètres entre en jeu.

Sur Twitter, certains comme le vidéaste Linguisticae dénoncent une absence totale des mots « politique » et « économie » dans les vidéos de présentation.


Effectivement, contrairement aux précédentes mobilisations sur Youtube, il n’est mention que de la société civile et de « la génération qui peut changer le monde ». Pourtant, en octobre, une autre initiative sur Internet intitulée « Il est encore temps », avec quelques acteurs en commun, n’hésitait pas à aborder l’impact de la politique sur l’environnement : « Si tout seul je ne peux pas changer la politique française, il est encore temps de rappeler à nos élus à quoi ils servent », lançait le youtubeur Usul.

Un silence qui interroge, d’autant plus que le défi #OnEstPrêt s’est vu repris par certaines personnalités politiques du gouvernement.


Dans sa dernière vidéo, la youtubeuse controversée Tatiana Ventôse, anciennement encartée au Parti de gauche, va jusqu’à pointer du doigt une culpabilisation des Français. « Depuis des décennies, on est constamment culpabilisés sur le sujet. Comme si, nous en tant que personnes en tant que citoyens, nous étions les plus gros responsables du dérèglement climatique. […] « Ces youtubeurs nous présentent comme la seule solution la solution individuelle. » Pour elle, le changement des habitudes des Français ne pèse pas lourd dans la balance pour sauver le climat face aux politiques et aux industriels.

Ne reste plus qu’à attendre le 15 novembre pour découvrir le premier défi du mouvement et voir si la dimension politique fait son entrée ou non dans cette initiative.

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